L’église de Pont-Christ
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L’Histoire de Pont-Christ
DE LA PRÉHISTOIRE À L’ÉPOQUE ANTIQUE
Il semblerait que déjà, à l’époque des mégalithes, le site de Pont-Christ ait été peuplé et exploité par des hommes préhistoriques.
Durant l’Antiquité, Pont-Christ était situé sur une piste gauloise, et vraisemblablement préromaine, partant de Kerilien au nord de Plounéventer, jusqu’à Saint-Éloi au nord d’Hanvec.
Une trève de PLOUDIRY
Le territoire de Pont-Christ a été intégré à la commune de La Roche-Maurice lors de la Révolution française. Il constituait auparavant une trève, c’est-à-dire une succursale (du vieux breton « trev » : lieu habité) de la paroisse de Ploudiry. Celle-ci était alors la plus grande paroisse du Léon, dépendante de l’abbaye de Daoulas fondée par les vicomtes de Léon au XIIIe siècle.
Les seigneurs de Brezal
Durant l’époque médiévale, la majeure partie des terres de Ploudiry, comprenant Pont-Christ, était contrôlée par les seigneurs de Brezal. Le blason de famille était « de gueules à six besants d’or 3-2-1 », et sa devise était « Spes mea deus » : « Mon espoir est dans le Seigneur ». Le symbole du besant, une monnaie byzantine, se retrouve souvent dans les armoiries des familles ayant participé aux croisades.
Les derniers à porter le nom de Brezal, Joseph de Brezal et son fils Anonime de Brezal, meurent respectivement en 1734 et 1735. Jean Jacques Claude de Kersauzon, le petit-fils de Joseph, décède au château de Brezal le 23 septembre 1776 et est inhumé le lendemain dans l’église de Pont-Christ. Le fief de Brezal devient alors propriété de son gendre, le marquis de Tinténiac.
La fondation de l'église
C’est en 1533 que l’église de Pont-Christ, aujourd’hui en ruines, a été fondée, comme l’indique l’inscription sur le chevet de l’église : « En l’an mil Dcc XXXIII Guille de Brezal et Marguerite Le Sénéchal firent faire ceste chapelle en honneur de Dieu et de Notre Dame de secours ». Elle ne fut terminée qu’en 1560, comme mentionné sur une sablière, dont l’inscription est aujourd’hui illisible.
C’est probablement à la même époque que la première version du pont menant à l’église à été construite. Il est en effet peu probable que les châtelains eussent à traverser l’Élorn les pieds dans l’eau pour se rendre dans leur église.
Consacrée le 9 mai 1581 par l’évêque de Léon, Rolland de Neufville, l’église a été dédiée à Dieu et à Notre-Dame de Bon-Secours. Une inscription sur bois à l’intérieur de l’église, aujourd’hui disparue, rappelait cet événement et assurait « quarante jours de pardon à perpétuité » pour tous ceux qui visiteraient l’église par « dévotion » le 9 mai.
Un prêtre réfractaire
Le dernier curé (ou vicaire) de la trève de Pont-Christ, Bernard Marie Caroff, institué en 1791, est un prêtre réfractaire. Successeur du prêtre assermenté Ursin Le Gall, il refuse, à la différence de son prédécesseur, de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Arrêté par la gendarmerie à Saint-Servais en septembre 1792, il est enfermé au château du Taureau, puis est successivement détenu aux Capucins de Landerneau et à la citadelle de Ré, où il meurt en 1800.
Évolutions du XIXe siècle
Le crépuscule d'une église
Le dernier pardon de l’église de Pont-Christ, qui se déroulait à l’époque un dimanche de juillet afin de célébrer la fête de Sainte-Christine (honorée le 24 juillet), a eu lieu en 1882. La dernière messe a, quant à elle, eu lieu en 1885.
C’est à la fin du siècle, à l’époque où Yan’ Dargent peint plusieurs paysages de Brezal, que s’effondre la toiture de l’église. En effet, comme il est alors écrit dans le journal :
« La voix du vieux clocher d’où s’envolaient, jadis, en ce jour de pardon, de si joyeux carillons, s’est tue et en errant sous les arcades peu à peu envahies par le lierre, les vers inspirés ici à Hugues Delorme, nous viennent tout naturellement à l’esprit :
Temple dont le clocher sans voix
Domine un porche où pousse l’herbe,
Tu dis quand même, humble et superbe,
Ta fière chanson d’autrefois ».
Patrimonialisation et renaissance
L’église et le calvaire ont été classés au titre des Monuments Historiques, par un arrêté de 1916. En 1925, c’est le pont qui se voit classer en tant qu’élément essentiel appartenant à un site protégé.
Dès 1910, le pardon religieux de Pont-Christ renaît sous la forme de fêtes profanes, avec de multiples jeux (en septembre puis en août). Le pardon religieux n’est célébré à nouveau qu’à partir du 15 août 1981, et ce jusqu’à 2009 (un arrêt dû à la raréfaction des prêtres), à l’initiative de l’abbé Urien de La Roche, avec une messe chantée en grégorien par la Psallette rochoise.
39-45 et l'après-guerre
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les habitants dissimulent aux allemands la cloche de Pont-Christ, qu’ils cachent dans l’église du bourg de La Roche-Maurice. Ces derniers voulaient s’en emparer afin de fondre le métal, pour leur économie de guerre.
En 1960, deux des trois arcades gothiques s’écroulent à leur tour. Entre 1988 et 1992, des travaux de consolidation et de restauration de l’église sont entrepris.
Éléments architecturaux de l'église
Le témoignage d'un artiste
Léon-Augustin Lhermitte (1844-1925), qui a parcouru la Bretagne en 1876, a réalisé deux esquisses de l’intérieur de l’église, témoignages précieux d’un espace aujourd’hui disparu.
Il passe par Pont-Christ et fait d’abord une esquisse de l’intérieur de l’église (ci-contre). Ensuite, il réalise un dessin plus achevé (plus bas).
On peut y voir, adossé au mur du transept, le Christ en robe et couronné, qui a été sauvegardé. On y voit aussi un banc « à queue » ou « à coffre », l’un des droits honorifiques de la noblesse de Brezal.
Dans les bras de ce transept se situent deux chapelles, qui, au Moyen Âge, étaient réservées aux seigneurs des lieux (on parle alors de droit de prééminence). Ces seigneurs sont placés en fonction de leur statut : le seigneur qui a participé financièrement le plus est placé dans le transept nord, le seigneur des lieux dans le chœur et les seigneurs secondaires au sud.
Ces chapelles sont reconnaissables par une porte permettant un accès privatif, ainsi que par la présence de bénitiers et de niches-crédences (petits enfoncements qui accueillent les burettes, les vases destinés à contenir le vin et l’eau de la messe) insérés dans les murs.
Notons cependant que Lhermitte a ajouté un prêtre à son dessin, alors qu’il semblerait qu’à l’époque où il l’a réalisé, il n’y en avait plus à Pont-Christ pour célébrer la messe. Il rajoute aussi des personnages, parmi lesquels, de façon erronée, des femmes en coiffes de Plougastel.
Un plan en croix de tau
Le plan de l’église reprend la forme caractéristique de la croix de saint Antoine ou croix de tau, croix reprenant la forme de la lettre grecque tau.
L’ossuaire, intégré dans le bas-côté sud, témoigne d’une époque où l’enterrement des défunts se faisait dans l’église. De l’autre côté du mur de droite de celui-ci, dans le renfoncement, se trouvaient les fonds baptismaux. Mort et naissance se côtoient donc, dans le respect de la tradition biblique : « tu es poussière et tu retourneras en poussière ».
Le clocher
L’église a gardé son clocher octogonal, haut de vingt mètres et marqué de « trous de boulin », qui lors de la construction de l’édifice ont servi à recevoir les madriers de l’échafaudage. Ce clocher porte des inscriptions parfois difficiles à lire. Mais l’une, assez nette, fait référence à François Keruzoré, prêtre curé de Pont-Christ de 1681 à 1716. Une seconde mention fait référence à un certain Jean Symon, qui était alors président de la fabrique de Pont-Christ.
Statuaire
Pont-Christ aujourd'hui
Un espace d'évènements contemporains
Remerciement
Nous tenons à remercier André Croguennec, les informations ici présentées étant presque toutes extraites de son travail de recherche. Si vous souhaitez en connaître davantage sur l’histoire de Pont-Christ, nous vous invitons à visiter son site internet.