Les fouilles archéologiques
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Une histoire enfouie
Après une acquisition par le département du Finistère en 1987, le château de La Roche-Maurice a bénéficié de travaux de recherches archéologiques et historiques visant à retracer son évolution architecturale et évaluer la nature des vestiges. Ces programmes d’études ont été financés par le Conseil départemental du Finistère et la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) de Bretagne. De 2001 à 2007, les archéologues de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap) et puis ceux du Centre Départemental de l’Archéologie du Finistère (CDA29) du Conseil départemental du Finistère, depuis 2013, mettent au jour les traces matérielles du quotidien d’hommes et de femmes, châtelains, valets, soldats et prisonniers ayant occupé le site pendant près de sept siècles.
Acquisition par le conseil départemental et études scientifiques
En 1987, Josselin de Rohan, cède ces ruines dangereuses au Conseil Départemental du Finistère. Ce dernier entreprend de lourds travaux de consolidation des ruines. On procède à la mise hors d’eau des maçonneries ainsi qu’à la réfection des joints des pierres porteuses : l’idée étant de renforcer l’assise fournie par le rocher. Il est décidé de renforcer par des barres métalliques certaines pierres porteuses pour éviter qu’elles ne viennent à se déplacer à l’avenir. Le Conseil Départemental installe une passerelle en bois pour faciliter l’accès au logis et au donjon en 1993.
Dès 1993, archéologues et historiens profitent du soutien du nouveau propriétaire pour entreprendre une étude approfondie des ruines. Grâce à Michel Le Goffic auquel succède Fanny Tournier en 2000, le château apparaît comme un ensemble complexe d’importance régionale, largement remanié entre sa fondation et les derniers temps du Moyen Âge.
À la lecture de plans cadastraux anciens et en analysant la toponymie locale, il est possible de proposer une restitution du plan du bourg de La Roche-Maurice à la fin du Moyen Âge. Dans le haut-bourg qui comptait peut-être dix à vingt maisons au XVe siècle, s’élevaient un four banal et un auditoire de justice. D’autres équipements existaient en contrebas du château dans le bas-bourg : un moulin, un pont et un jardin seigneurial appelé « Le Verger ».
L’INRAP et les fouilles de Jocelyn Martineau
À partir de 2001, des équipes de l’Inrap dirigées par Jocelyn Martineau entament un relevé topographique du site et une étude du bâti. S’ensuit une fouille programmée de 2002 à 2007 visant à explorer la partie supérieure du rocher. Ils découvrent une haute cour dominée par une tour maîtresse abritant une cheminée. Ils identifient également les traces d’un vaste logis seigneurial étagé arborant deux cheminées monumentales du XVe siècle. Le rez-de-chaussée de cet édifice accueillait des cuisines. Il était possible d’y accéder via un ouvrage accolé au donjon. L’ensemble comprenait un escalier coudé défendu par une succession de portes précédées par une triple rangée de grosses barres de bois escamotables.
Également attesté au château de la Joyeuse Garde, il semblerait que ce dispositif soit typique du nord du Finistère: les chercheurs parlent ainsi de « portes léonardes ». Le sud du rocher accueillait un imposant dispositif de porterie. C’est lors de la fouille de ce secteur qu’ont été découvertes quatre paires d’éperons de bronze doré, possiblement dissimulées avant le démantèlement de la place, en 1489.
Le Centre départemental de l’archéologie et les Fouilles de Ronan Pérennec
À partir de 2013, de nouvelles campagnes estivales de fouilles programmées sont menées par Ronan Pérennec, archéologue du centre départemental de l’archéologie du Conseil départemental du Finistère. Lors d’une exploration étendue de la partie basse du château, il parvient à identifier un second logis en contrebas du rocher exploré par Jocelyn Martineau. Ces fouilles permettent également de mieux appréhender les évolutions successives du château.
Les fouilles de Ronan Pérennec permettent d’aboutir à un phasage de l’état successif des constructions. Après une fondation aux alentours de l’an Mil, un château de pierres est reconstruit presque à l’identique au XIIe siècle. Ronan Perennec parvient à dater une reprise des fortifications dans la cour inférieure entre le milieu du XIIIe et le début du XIVe siècle. Cette période semble bien s’être accompagnée de la création d’une braie en avant des portes, pour renforcer la défense de ces dernières. Dans le dernier tiers du XIVe siècle, une nouvelle reconstruction intégrale est marquée par la construction d’un grand logis de 36 mètres sur 12. Il semble adjoint d’une porterie conçue comme un avant corps centré sur la façade sud.
Après un démantèlement survenu en 1489, un vaste programme de reconstruction concerne l’ensemble du château. Une tour d’artillerie est implantée dans l’angle sud-est au début du XVIe siècle. Le château s’adapte aux progrès de l’artillerie sur le plan défensif. Ses propriétaires construisent un boulevard d’artillerie (rempart de pierre placé en avant des murs) et un moineau (sorte de casemate basse comprenant des ouvertures de tir permettant d’atteindre les assaillants progressant dans le fossé).
La dernière phase d’occupation est datée du XVIIe siècle : le château sert alors de prison. L’histoire moderne des lieux reste toutefois relativement confuse. Les opérations de Ronan Pérennec permettent, pourtant, en 2019, la dissociation entre deux phases de destruction de la place. Un démantèlement par les ligueurs dans les années 1589-1594 puis une destruction par ordre royal vers 1627-1629. Dans les deux cas, rien n’est documenté.
Chaque année, les fouilles permettent de révéler une part insoupçonnée de l’histoire du château. La campagne de fouilles de l’été 2020 avait, par exemple, permis d’identifier les vestiges d’une citerne et d’une tour supplémentaire sur le front nord du château. Aujourd’hui, après plus de vingt ans de recherches, il ne fait aucun doute que le château de La Roche-Maurice a encore beaucoup à nous apprendre !
Synthèse : le château de la Roche-Maurice au XVe siècle
Vivre au château : ce que nous racontent les objets
Des « éperons d’or »
Quatre paires d’éperons à molette ont été découvertes en 2007 lors de la fouille d’une cache enfouie dans la porterie. Il s’agit d’un modèle fréquent entre la fin du XIIIe siècle et le XVe siècle, symboliquement associé à la classe chevaleresque. À la fin du Moyen Âge, il arrivait que des aristocrates viennent à chausser de tels éperons avec leur « tenue du quotidien » par affectation ou par habitude. Elles ont certainement été enfouies par les occupants au moment de leur reddition face aux troupes françaises en 1489. Il pourrait s’agir d’un trésor de guerre, dissimulé dans l’espoir d’être récupéré plus tard, ou simplement de l’équipement de soldats de la place.
Certains éperons présentent des restes de dorure ornementale et la présence d’armoiries non identifiées a éveillé la curiosité des historiens. Il pourrait s’agir de celles de vassaux du seigneur de Léon. Nous avons, en effet, connaissance d’un acte de 1495 selon lequel un vassal de Daoulas a fait don d’éperons au seigneur de La Roche-Maurice en 1487, en signe d’allégeance. Cela pourrait constituer une pratique féodale courante dans la région.
Un couteau de table
La fouille de 2020 a permis la découverte d’un couteau de table à soie rivetée largement atteint par la corrosion. Considérant l’état de dégradation du manche, seule une analyse radiographique à permis de révéler la présence de rivets servant à fixer la soie. La comparaison avec d’autres objets analogues retrouvés en contextes médiévaux en Angleterre et en Italie permet de dater ce couteau des derniers siècles du Moyen Âge. Sans qu’il soit possible de l’affirmer avec certitude, ce référentiel européen nous laisse supposer que les rivets sont en laiton (un alliage de zinc et de cuivre) et le manche de corne ou d’os. Le XIVe siècle voit, en effet, l’émergence de couteaux plus ouvragés et moins polyvalents que les coutelas de tradition germanique des siècles précédents. Loin de l’image d’Épinal des « dagues de banquet », les châtelains disposaient bien de petits outils commodes adaptés à leurs mœurs alimentaires. Notons que cette forme perdure à l’époque moderne et rappelle sans mal les contours de certains de nos couteaux de table contemporains.
Des carreaux d’arbalète
En 2015, les fouilles du Conseil départemental du Finistère ont mis au jour un lot de douze pointes de flèches et carreaux d’arbalète, éparpillés sur le site. Ils se divisent en deux grandes catégories : des fers effilés (3 exemplaires), et des fers plus trapus, avec le départ de la pointe marqué par un étranglement (8 exemplaires). Un dernier fragment non complet est de type indéterminé. La douille d’au moins deux d’entre eux conserve encore des traces de bois. Cette trouvaille doit nous rappeler qu’en plus d’un lieu d’habitation ostentatoire, le château constituait bien une place militaire au sein de laquelle l’arbalète comptait parmi l’armement traditionnel.
Une chausse-trappe
Les fouilles de 2016 ont livré les restes fragmentés d’une chausse trappe. Il s’agit d’un outil défensif en fer à quatre pointes, chacune étant orientée dans une direction différente. Les pointes de notre exemplaire mesurent près de 5 cm et sont épaisses d’un centimètre. Ainsi, lorsque trois sont en contact avec le sol, la dernière est dirigée vers le haut. Dissimulé ou non, cet engin menace alors de percer le pied d’un assaillant. Notons que ce type d’objet existe depuis l’Antiquité : César en ayant fait usage lors du siège d’Alésia.
Une matrice de sceau
En 2021, les fouilles ont permis la découverte d’une matrice de sceau datable du XIVe siècle au début du XVIe siècle. Il s’agit d’un objet de bronze en forme de médaillon de 33 mm de diamètre. Sur l’une des faces, un dessin légendé est gravé en relief afin de pouvoir être imprimé dans la cire chaude. On utilisait ces cachets de cire pour authentifier ou signer une correspondance ou des actes officiels.
Au centre on distingue un âne surmonté d’une vigne ce qui fait écho à une des épisodes de la vie de Saint-Martin de Tours. Autour, on peut lire la légende latine suivante : + S’· MAGRIETE / APL’I · LEP/ARIE · DEF[.]EIA, ce qui renvoie à un nom de femme. Magriete est en effet à rapprocher du nom Marguerite. Or, s’il existait bien un prieuré de l’abbaye Tourangelle de Marmoutier au cœur du pays des Rohan : Saint-Martin de Josselin, c’était toutefois une institution masculine. S’agirait-il sinon de Marguerite, épouse d’Alain IX de Rohan ? Sans une étude poussée de la légende, du nom et des lieux évoqués il n’est donc pas possible de se prononcer sur l’identité et le statut du propriétaire de cet objet.
Un pommeau d'épée
Découvert en 2020, ce fragment de bronze de 52 mm par 44 mm, est un reste de pommeau d’épée, soit l’extrémité du manche de l’arme. Il ne s’agit toutefois que de la moitié de ce pommeau : deux coques symétriques venant initialement enserrer l’extrémité de la soie traversante de l’arme (sorte de queue de la lame sur laquelle sont empalés et fixés les éléments du manche). Puisque le centre du pommeau est relevé d’un bouton en relief on parle de pommeau à « lentille centrale ». Aujourd’hui recouverte par une couche de patine et de sédiments, il faut imaginer que la surface de cet objet présentait, à l’origine, un éclatant poli couleur or. On distingue ainsi toute la dimension ostentatoire de ce pommeau, extrémité émergente d’une arme dormant dans un fourreau de cuir. Portée à la ceinture, l’épée, hautement symbolique, devenait un vrai bijou.
Un boulet de catapulte
Quinze boulets de catapultes, ou de mangonneau, ont été découverts lors de la campagne de 2020. Quatre projectiles, dont celui photographié ci-dessus, ont été mis au jour lors de la fouille du comblement d’une fosse dans une salle basse. Il s’agit de galets naturels de roches denses. Ceux de La Roche-Maurice ont été retrouvés dans des niveaux de remblais de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle. Fleurons de l’artillerie mécanique médiévale, les mangonneaux pouvaient expédier des projectiles de plus de 100 kg. Au XVe siècle, ils sont toutefois supplantés par l’artillerie à poudre expédiant des boulets de fer.
Bibliographie
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2020 : PERENNEC R. (dir.), La Roche-Maurice (Finistère), château de Roc’h Morvan : enceinte basse, rapport de fouille programmée 2019, Le Faou-Quimper, Conseil départemental du Finistère, Centre départemental de l’archéologie – Service Régional de l’archéologie de Bretagne, 2020, 137 p.
2021 : PERENNEC R. (dir.), La Roche-Maurice (Finistère), château de Roc’h Morvan : enceinte basse, rapport de fouille programmée 2020, Le Faou-Quimper, Conseil départemental du Finistère, Centre départemental de l’archéologie – Service Régional de l’archéologie de Bretagne, 2021, 124 p.
2022 : PERENNEC R. (dir.), La Roche-Maurice (Finistère) : château de Roc’h Morvan, enceinte basse, rapport de fouille programmée 2021, Conseil départemental du Finistère, Centre départemental de l’archéologie, 2022, 231 p.
2023 : PERENNEC R. (dir.), La Roche-Maurice (Finistère) : château de Roc’h Morvan, enceinte basse, rapport de fouille programmée 2022, Conseil départemental du Finistère, Centre départemental de l’archéologie, 2023, 294 p.
L'APPORT DES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE 2023
La zone de fouille concernée était circonscrite à la moitié occidentale de l’enceinte basse, sous le donjon. Les nouveaux éléments apportés en 2023 ont permis d’affiner la chronologie des structures mises au jour et leur évolution, ainsi que de mieux comprendre les choix d’implantation de certains ouvrages défensifs.
En arrière de la tour ouest flanquant la porte de l’enceinte basse, la présence d’un mur comportant plusieurs reconstructions permet d’être assuré de l’existence d’un bâti inconnu, vraisemblablement intégré à un châtelet d’entrée, dès le XIIe siècle.
A partir du XIIIe siècle puis au XIVe siècle, cet espace comporte des structures transversales, interprétées comme les supports maçonnés d’un plancher ou d’une passerelle de bois. Deux autres piles avaient déjà été mises au jour en arrière de la porte de l’enceinte basse. L’accès à l’enceinte haute se faisait donc, une fois cette porte franchie, via le grand escalier de l’enceinte basse et la partie orientale de celle-ci, avant de traverser vers la moitié ouest de l’enceinte, à un niveau supérieur. Les supports maçonnés découverts en 2023 ont fonctionné jusqu’à la fin du XIVe siècle. Lors de la reconstruction du grand logis cet espace est en effet entièrement remblayé. Dans le courant du XVe siècle, un sas de protection de la porte de l’enceinte haute est aménagé. Il sera assez éphémère puisqu’au XVIe siècle il est arasé pour construire un escalier de schiste monumental qui facilite l’accès à l’enceinte haute.
A l’intérieur du grand logis, les niveaux de cuisine recouvraient des niveaux de forge. La fouille n’étant pas terminée, il est encore trop tôt pour savoir si cette activité a été régulière, ou simplement ponctuelle, dans le cadre de travaux de reconstruction. Leur datation de la fin du XVe siècle devra aussi être confirmée. Ces traces d’activité s’inscrivent dans un bâti médiéval très morcelé, qui n’est pas encore totalement mis au jour.
Dans la salle contigüe située contre le rempart nord, la présence d’une cheminée et d’un espace en rez-de-chaussée de type cave ou citerne, et accessible seulement depuis l’étage, incite à envisager une fonction culinaire, a minima pour le moyen-âge. Cette fonction a peut-être perduré au-delà, mais les données sont trop lacunaires pour être catégorique. Un affaissement des sols et remblais a permis de constater l’extension de la surface de cette salle comme du château vers le nord, indépendamment du socle rocheux.
Parallèlement, les données permettant d’illustrer la vie quotidienne des occupants du château ont encore été étoffées, notamment grâce aux différents rejets, alimentaires et autres.
R. Pérennec, CD29